Article adapté d’un thread Twitter – en savoir plus
Pourquoi reproduit-on les mêmes erreurs face à toute nouvelle “pandémie”? Et quelles sont ces erreurs?
Il est très difficile de réfuter une relation de causalité entre deux évènements observables. Il est encore beaucoup plus difficile de réfuter une causalité potentielle avec un évènement futur, c’est à dire de réfuter une menace, par exemple.
Mais on peut essayer de commencer par le commencement.
Qu’est-ce qu’une pandémie?
Deux réponses possibles.
Réponse 1: Une pandémie de X survient lorsqu’un nouveau virus X apparaît contre lequel la population humaine n’est pas immunisée, ce qui entraîne plusieurs épidémies simultanées dans le monde entier avec un nombre énorme de décès et de maladies
Réponse 2: Une pandémie de X survient lorsqu’un nouveau virus X apparaît contre lequel la population humaine n’est pas immunisée.
Quelle est la réponse la plus appropriée pour vous?
Sachant que indépendamment de la réponse à la question précédente la seule utilisation du terme “pandémie” va déterminer l’escalade des réponses apportées quelle différence importante il y a-t-il entre les définitions 1 et 2?
Vous n’êtes pas obligés de connaître la réponse à la question “qu’est-ce qu’une pandémie?” L’OMS n’en connaît pas la définition non plus.
Ce fut un sujet de controverse au moment de la “pseudo-pandémie de grippe A H1N1”
Les deux définitions que j’ai données étaient celles adoptées successivement par l’OMS. La première était mise en avant entre 2003 (épidémie de SARS ,syndrome de détresse respiratoire aigüe) et le 4 mai 2009, c’est à dire un mois avant la déclaration de la pandémie de grippe A H1N1.
Comme l’explique Peter Doshi, professeur assistant en pharmacie à l’université John Hopkins, USA et contributeur Cochrane, en faisant cela l’OMS a décidé d’ignorer le critère de gravité d’une épidémie et a rendu possible la déclaration de la phase 6 de la pandémie who.int/bulletin/volum…
La déclaration de la phase 6 avait alors des implications concrètes, économiques et sanitaires, puisqu’elle déclenchait automatiquement les contrats passés entre des firmes pharmaceutiques et plusieurs Etats pour l’achat de centaines de millions de doses de vaccins revmed.ch/RMS/2010/RMS-2…
Dans la deuxième définition la notion de gravité a donc disparu. Cette décision aurait été prise par des experts désirant conserver l’anonymat. Mais il reste deux notions importantes, celle de “nouveau virus” et celle d’absence d’immunité.
Or, l’OMS a aussi changé la définition de ce qu’est un nouveau virus, la rendant moins restrictive : tout nouveau virus réassorti peut être considéré comme un nouveau virus.
Quant à l’affirmation que l’être humain n’a pas d’immunité contre un nouveau virus, elle est fausse exprimée telle que. Elle laisse à penser que l’organisme serait totalement sans défense face à un nouveau virus et que celui-ci pourrait se répliquer librement jusqu’à tuer son hôte.
Or, il existe, une immunité dite à médiation cellulaire qui permet à l’organisme d’éliminer les cellules infectées par un virus. Contrairement à l’immunité humorale médiée par les anticorps, elle ne nécessite pas de contact préalable avec le virus. embryology.ch/francais/qbloo…
Cette immunité à médiation cellulaire, serait, d’après diverses études, particulièrement efficace pour éliminer l’infection due au virus SARS-CoV, auquel le virus SARS-Cov-2 est apparenté, chez les individus sains (researchgate.net/publication/63…)
Donc, on a une définition très vague, basée sur des critères uniquement virologiques peu clairs et non assumée d’une pandémie par l’OMS et, en revanche, une progression des phases pandémiques sur des critères uniquement géographiques et de nombre.
Cette définition est complétée par des plans d’intervention nationaux qui adoptent le même types de critères de propagation du virus et y opposent des réponses automatiques (solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_…)
Ni l’OMS, ni les États, n’ont prévu d’établir des indicateurs ou des stratégies qui permettent d’évaluer la gravité d’une épidémie, en l’occurrence une épidémie due à des virus respiratoires, et sa place parmi les autres nombreuses infections respiratoires existantes.
Un article récent publié dans @nature par le groupe spécialisé dans les coronavirus du comité international de taxonomie des virus établit que, d’une part le virus actuel SARS-CoV-2 est phylogénétiquement éloigné du SARS-CoV de 2003.
D’autre part que la maladie “Covid-19” dissociée par l’OMS du virus a des chances de ne pas être due au virus, en raison des erreurs de classification et des limites des tests (nature.com/articles/s4156…)
Ainsi, fonder des alertes pandémiques et des mobilisations massives de moyens sur des critères de taxonomie virale et de diffusion géographique s’avère hautement aventureux.
Il faudrait également s’interroger de manière plus globale et établir des indicateurs qui permettent d’évaluer la place, en termes de diffusion et de sévérité de l’infection, des éventuels nouveaux virus parmi les centaines de virus respiratoires qui circulent couramment chez l’Homme.
J’aurais peut-être dû préciser que, contrairement à ce qu’on entend dans les médias le COVID19 est une maladie, non spécifique, puisqu’elle partage les caractéristiques de toutes les maladies respiratoires, qu’elle est attribuée au SARS-CoV-2, qui est un nouveau virus.
Parler de “COVID19” n’a un peu de sens que si on peut associer les symptômes à la présence du SARS-CoV-2, ce qui s’avère compliqué pour des raisons techniques de choix de tests et de proximité génomique des virus.
Les virus en orange sont des coronavirus circulant couramment chez l’Homme, il y en a 4 , considérés comme bénins HCoV-OC43 ,HCoV-NL63, HCOV229E, et HCoVHKU-1
Les SARS sont dérivés d’une branche qui a son origine dans les virus circulants chez l’Homme HCoV229E et HCoVNL63 comme on le voit sur ce schéma (virus humains en orange, zoonoses en rouge)
La sensibilité est faible pour les tests couramment utilisés, c’est-à-dire qu’on peut considérer comme négatif un échantillon qu’un autre test verra comme positif, avec des différences importantes, mais il y a aussi des confusions possibles entre virus proches. https://ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32132196
Ce qui est bien établi c’est, en début de circulation d’un nouveau virus, une tendance à la surestimation des cas graves car le système de santé est surtout capable de “voir” ces cas qui convergent vers les hôpitaux et cliniques.
Ce fait est illustré par le concept de l’iceberg, présenté par Last dans les années 60. Lorsque l’épidémiologie d’un virus se présente comme celle de la totalité des virus respiratoires circulant couramment chez l’Homme, le système de santé “voit” “surtout la pointe de l’iceberg.
Marc Lipsitch, épidémiologiste à Harvard, qui a contribué à évaluer la pandémie de grippe A H1N1 2009 explique les biais courants, le plus important étant le biais de sélection des patients graves favorisé par le système de santé et les recommandations. (journals.plos.org/plosntds/artic…)
Pour ne pas mobiliser inutilement les ressources du système de santé, paralyser l’économie et paniquer les populations, l’objectif le plus urgent devrait être de différencier ces 2 types de pyramide, celle avec une forte létalité pyramide inversée, et celle avec une faible létalité
Ce qu’il faut comprendre c’est que l’épidémiologie de tous les virus respiratoires humains, environ 200 et une dizaine de familles de virus, peut être représentée sous forme de pyramide, car ils peuvent tous entraîner des hospitalisations ou des décès.
La part des hospitalisations provoquée indifféremment par l’un ou l’autre virus respiratoire dépend de facteurs de fragilité individuelle, comme le montre cette étude faite aux urgences en Ontario où les patients avec des bronchites chroniques sont bien plus souvent hospitalisés lors d’une infection respiratoire aigüe.
C’est ce que montre aussi cette étude effectuée pendant la pandémie de grippe A H1N1 en 2009. La majorité des patients hospitalisés dans un hôpital de Chicago étaient positifs pour le rhinovirus, présenté comme le virus du rhume.
Si on “voit” mieux les hospitalisations et décès dus à la grippe c’est parce qu’on se focalise sur ce virus.
De la même manière actuellement nous sommes très focalisés sur la maladie appelée COVID19, pourtant très mal définie et très difficile à caractériser, ce qui donne l’impression qu’elle est très menaçante.
Il y a encore un point qui doit amener à se défier des illusions d’optique, en plus des biais de sélection et de la focalisation de l’attention et c’est la manière dont sont attribuées les causes de décès.
Tous les pays sont tenus de tenir des registres des causes de décès, et pour cela on doit définir une cause unique de décès.
En réalité il s’agit d’une convention destinée à faciliter les analyses épidémiologiques et, sauf cas extrême, nous mourons d’un ensemble de causes.
Un virus peut-être retrouvé au moment du décès sans qu’il puisse être retenu comme la cause initiale du décès. (cepidc.inserm.fr/causes-medical…)
Bien entendu, on attribuera d’autant plus facilement le décès à un virus qu’on le recherchera activement, sinon il pourra passer totalement inaperçu. Cela génère un biais supplémentaire.
Il y a donc beaucoup de biais, dont certains sont générés par le système de santé (exemple: ne dépister que les cas graves) qui tendent à donner l’illusion d’une crise sanitaire grave. Le seuil de tolérance vis à vis de symptômes respiratoires banals est abaissé et pèse sur le système de santé.
Le rôle du scientifique est de se défaire des illusions d’optique: pour cela il faut situer les évènements en contexte, contexte historique et aussi contexte ordinaire, c’est-à-dire avoir une idée de la normalité pour pouvoir évaluer les risques.
Or la normalité n’est pas vendeuse, d’autant moins que la recherche est de plus en plus orientée vers de la recherche appliquée et s’éloigne des sciences fondamentales.
La plupart des études portant sur l’épidémiologie et les symptômes des patients porteurs de virus respiratoires ont lieu à l’hôpital ou ne s’intéressent qu’aux patients symptomatiques.
Voici au moins une étude intéressante où on a demandé à des personnes tout venant, trouvées dans une attraction touristique New Yorkaise, leurs antécédents, leurs symptômes et auxquels on a fait un prélèvement pour rechercher des virus respiratoires multiples. (ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P…)
Parmi les adultes testés, environ 1/15 étaient porteurs de virus respiratoires, 50% de plus en hiver qu’en été, avec une prédominance des rhinovirus (3% de l’ensemble) et des coronavirus (2,3% de l’ensemble)
65% à 97% de ces patients pouvaient être considérés comme asymptomatiques en miroir des différentes définitions des cas symptomatiques retenues.
Le portage asymptomatique de virus respiratoires est encore beaucoup plus fréquent chez les enfants, jusqu’à 40% dont 12% excrèteraient des virus sans avoir de symptômes.
D’autre part, les adultes ayant deux à trois épisodes d’infections respiratoires par an, on peut évaluer que 2 à 3% de la population française, 1 à 2 millions de personnes, a des symptômes respiratoires à un instant t.
Autrement dit il y a matière pour continuer à alimenter la peur, même si celle-ci était totalement injustifiée.
On peut donc fabriquer une pandémie, et se donner raison en faisant en sorte d’auto-alimenter ses craintes.
Je trouve que c’est un processus typiquement scientiste: l’illusion de la menace conjurée par l’illusion de la maîtrise.
Pour avoir une vision un peu plus réaliste il faut, d’une part, observer le réel; les chiffres provenant de Chine sont rassurants et je pense que c’est très présomptueux de les attribuer aux mesures barrières.
L’idée serait plutôt d’évaluer la part réelle approchée du SARS-CoV-2 dans les infections respiratoires vues en cabinet: on dispose pour cela d’un réseau Sentinelle. Et d’évaluer la part des infections asymptomatiques, indicateur de bénignité de l’infection.
Il s’agit donc de rendre visible la base de l’iceberg, afin de ne pas se concentrer uniquement sur les cas graves
Twitter est un réseau social qui permet à l’utilisateur d’envoyer des messages courts (tweets) n’excédant pas 280 caractères (ce qui explique l’emploi fréquent d’abréviations). Un thread Twitter est une série de tweets qui se succèdent, émis par un même auteur pour former un contenu plus long. L’auteur peut d’ailleurs numéroter chaque tweet pour les ordonner. Cet article est une reprise sous format blog d’un thread Twitter dont voici l’origine :
1 comment
Ce qui est désespérant est de voir à quel point la recherche bibliographique avant de se lancer bille en tête dans la quête d’un nouveau fil à couper le beurre est négligée. On entend par exemple très peu parler du professeur Talbot qui étudie tout de même les coronavirus depuis longtemps. Sa page web est une mine de bibliographie :
https://inrs.ca/la-recherche/professeurs/pierre-talbot/
Il me semble aussi qu’il montre que le zéro covid est un rêve : “Avec son équipe, le professeur Talbot a, entre autres, démontré au cours des dernières années que les coronavirus humains pouvaient provoquer des infections aiguës et persistantes de cellules du système nerveux, qu’ils infectent de façon persistante près de la moitié des cerveaux humains ….”
Il n’y a pas vraiment de raison que ce soit différent avec celui-ci. On fait quoi des très nombreux porteurs qui ont dû apparaître depuis un an ? On les zigouille éthiquement ?
Cordialement