Article adapté d’un thread Twitter – en savoir plus
Les maladies infectieuses à prévention vaccinale ou non et leur rôle dans la mortalité aux USA font l’objet d’un intéressant article twitté par @JuanGrvas :
https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2585966
Traduction du tweet de Juan Gervas: “Etats-Unis, 150 millions de personnes vaccinées chaque année contre la grippe. L e vaccin contre la grippe ne produit pas d’immunité de groupe, ni n’empêche la transmission de la grippe. Aux Etats-Unis elle n’a pas d’impact sur la mortalité. La mortalité par grippe ne peut pas être évitée grâce au vaccin.”
Comme on peut le constater le poids global des maladies infectieuses dans la mortalité était équivalent en 1900 à la mortalité totale actuelle de l’ordre de 8 pour 1000 (ou 800 pour 100 000).
La diminution de morbidité et la mortalité globales et par maladies infectieuses, concomitante de l’augmentation de la mortalité pour d’autres causes, c’est cela qu’on appelle la transition épidémiologique.
En 1900, les maladies à prévention vaccinale jouaient un rôle très modeste dans cette mortalité, puisque c’étaient, comme dans les pays les plus pauvres encore actuellement, les pneumonies et les diarrhées qui provoquaient le plus de décès.
Cela s’entend si l’on exclut la tuberculose, dont la mortalité était très liée à la promiscuité et à la pauvreté.
Les vaccins contre le rotavirus (certaines diarrhées) et contre le pneumocoque n’ont été introduits dans les pays à haut revenu, selon les vaccins, qu’entre les années 90 et 2000.
Si on s’intéresse à une époque récente, entre 1980 et 2014, on voit que la mortalité globale par maladies infectieuses représente environ 5% des décès et de 42 à 45 pour 100 000 (sur environ 800 pour 100 000 décès) et reste stable entre 1980 et 2014.
On voit aussi sur ce tableau que, à cette période, parmi ces décès par maladie infectieuse, les maladies à prévention vaccinale en représentent au maximum environ 5% (2 pour 100 000)
Et dans le détail on peut voir, en regardant les graphiques, qu’entre 1989 et 1995 malgré un doublement de la couverture vaccinale chez les plus de 65 ans, qui passe alors de 32 à 65%, on ne note pas de réduction associée de la mortalité par grippe : cdc.gov/flu/pdf/profes…
De même pour le vaccin contre le pneumocoque : l’introduction du vaccin chez les enfants et une couverture qui passe de 0 à plus de 80% entre 2000 et 2005, n’accélère pas la réduction de la mortalité spécifique tous âges.
Si le taux de mortalité global dû aux maladies infectieuses est resté stable c’est que, bien que l’incidence des maladies à prévention vaccinale ait diminué, de 2,1 à 0,8 (-1,3) pour 100 000 entre 1980 et 2014, cette diminution a été largement compensée par l’augmentation d’autres maladies infectieuses, passées de 18,7 à 21,1 /100 000 (+1,4).
Notamment l’augmentation des infections à Clostridium difficile, qui est une infection intestinale grave apparaissant souvent pendant ou après un séjour hospitalier ou en milieu de soins et est associée à la prescription d’antibiotiques.
On peut parler d’infection à la fois iatrogène (provoquée par des interventions médicales, telles la prise de médicaments) et nosocomiale (se produisant dans les établissements de santé). Aux USA l’augmentation de la fréquence de cette infection est de plus de 2 pour 100 000 (voir tableau précédent) et dépasse la réduction de la mortalité due aux maladies à prévention vaccinale.
La létalité de ces infections est de 3% environ. Et on estime qu’en Europe il y a 3700 décès attribuables par an pour 124 000 cas en constante augmentation cpias-auvergnerhonealpes.fr/Reseaux/ATB-BM…
D’autres maladies infectieuses sont également en augmentation aux USA, dans une moindre mesure.
Voilà qui permet peut-être de relativiser le rôle de la vaccination et les 37 décès dus à la rougeole en Europe cette année, dont les causes sont certainement complexes (on attend une étude plus précise et on voit apparemment beaucoup de cas chez des gens du voyage, vivant dans des conditions d’hygiène et de promiscuité dégradées, et non vaccinés).
Le rôle des vaccins est plutôt marginal dans la réduction de la mortalité et également dans celle des maladies infectieuses. L’approche actuelle, qui se focalise sur des maladies spécifiques, manque le tableau d’ensemble des progrès réalisés en termes sociaux et de santé publique et surestime le rôle des vaccins.
Twitter est un réseau social qui permet à l’utilisateur d’envoyer des messages courts (tweets) n’excédant pas 280 caractères (ce qui explique l’emploi fréquent d’abréviations). Un thread Twitter est une série de tweets qui se succèdent, émis par un même auteur pour former un contenu plus long. L’auteur peut d’ailleurs numéroter chaque tweet pour les ordonner. Cet article est une reprise sous format blog d’un thread Twitter dont voici l’origine :